écrin2moncoeur

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Le voyage intérieur de Zénobe Lanturlu

une allégorie à méditer...

des pensées s'élèveront dans ton coeur et tu formeras de ... projets; tu diras: je ...  (Ezéchiel 38. 10-11)


LE VOYAGE INTERIEUR DE ZENOBE LANTURLU


« T'es avec nous, Zénobe ? » lui demandaient fréquemment ses amis …
« Oui, oui… »  répondait-il, d'un ton las.
Zénobe Lanturlu était devenu taciturne… très taciturne.
Il était à un de ces moments de la vie où on se pose des questions.
Désirant vraiment avancer et progresser, un certain nombre de choses lui pesaient.
Des habitudes qu'il savait mauvaises, dont il n'arrivait à se défaire malgré ses efforts.
La peur qui s'emparait parfois de lui, une peur panique et irrépressible, par rapport à son avenir professionnel et sentimental : « Comment faire les bons choix ? comment ne pas me tromper ? vais-je y arriver ? »
Un sentiment de solitude extrême parfois, et l'impression souvent de ne pas être à la hauteur de ce que Dieu attendait de lui.
Bref, il enviait souvent ceux de ses amis pour lesquels la vie semblait être un long fleuve tranquille, sans grandes souffrances ni émotions douloureuses.
« Ca ne doit pas être pour moi » se disait-il… « je dois être spécial ! »


Il avait bien essayé de comprendre ce qui lui arrivait, de chercher de l'aide et des conseils utiles autour de lui.
« Cette mauvais habitude, tu dois l'abandonner ! elle déshonore Dieu » lui avait dit un ancien de son église, en fronçant ses gros sourcils noirs. Il le savait bien, mais entendre cela ne lui était d'aucune aide.
« Est-ce que tu pries assez ? le Seigneur seul peut te délivrer de ces choses ! » lui avait dit un autre ami. Et il avait prié beaucoup : « Seigneur, délivre moi de cette mauvaise habitude, de ces peurs, de ces sentiments négatifs et douloureux ! ». Il n'avait pas eu l'impression que le Seigneur se souciait de lui et l'écoutait.
Un autre lui avait dit : « Tu te poses trop de questions, moi je ne me torture pas comme ça, et je vis bien mieux ».
On lui avait conseillé de changer d'église, de chercher de l'aide auprès d'un psy, de voir du monde et ne pas s'isoler, de faire un effort et de mobiliser sa volonté, de plus lire la Bible, de s'oxygéner les neurones etc…
Certains conseils étaient bien judicieux, d'autres moins.
« Si toutes ces personnes m'avaient donné un euro plutôt qu'un conseil, je serais riche maintenant !» avait-il pensé, amer.


La journée de Zénobe Lanturlu se terminait.
Encore une de ces journées qui laissait dans son être intérieur un sentiment d'insatisfaction et d'impuissance.
Il se versa une petite liqueur et y trouva momentanément un peu de chaleur et d'optimisme.
« Seigneur… »  pria-t-il… « si Tu m'aidais à y voir clair ?  je me sens parfois  si las !»
Il alla se coucher.
L'horloge sonna onze heures.
La pâle clarté de la lune traversait les fentes du volet.
A peine était-il endormi qu'une lumière étrange se fit dans la pièce.
« Est-ce que je rêve ? Est-ce que je suis réveillé ? » se demanda Zénobe.
Il ne sut jamais ce qu'il en était vraiment. Peu importe finalement…
Il se redressa sur ses coudes et vit une personne dans la pièce, auréolée de lumière.
Elle lui dit, avec un sourire amical : « Viens Zénobe, viens avec moi… je vais t'aider à y voir plus clair ! »
D'abord inquiet, puis curieux et rassuré par le visage bienveillant de son guide, Zénobe sauta du lit et saisit sa main.
Ils avancèrent tous deux, sans toucher le sol, dans un long couloir qui les mena dans une immense salle baignée de lumière.


Zénobe fut stupéfait… jamais il n'avait vu pareille chose.
Au milieu de la salle trônait une immense machine constituée de rouages, d'articulations, de capteurs, de cartes électroniques, de vérins et de voyants.
Tout cela fonctionnait, bougeait, tournait, grinçait parfois, clignotait, cliquetait… manifestant ainsi une ressemblance de vie.
Zénobe s'approcha de la machine et vit qu'elle comportait, tout autour, des ouvertures munies de bacs.
De temps en temps, un paquet sortait d'une de ces ouvertures et tombait dans un bac.
Intrigué, Zénobe prit un de ces paquets qui venait de tomber, et il y lut : Je construis.
Perplexe, il saisit un autre paquet et y lut : J'aime.
Il attrapa ainsi successivement des paquets marqués : Je suis agressif, Je partage, Je résiste, Je mange trop, Je pleure, Je suis violent, Je compatis, Je suis dépendant …
La machine produisait en permanence de nouveaux colis, et Zénobe vit bien qu'il n'arriverait jamais à tous les examiner.

Son guide l'observait d'un air interrogateur.
Zénobe leva ses yeux vers la paroi de la salle où était inscrit sur un grand panneau : « SALLE DES ACTES », puis se tourna vers son nouvel ami :
« Je comprends que cette machine représente la partie de mon être qui agit, qui produit des actes et des paroles, parfois bons, parfois mauvais. Un peu comme un arbre produit des fruits, parfois comestibles et délicieux, parfois immangeables ».
Le guide opina de la tête.
Pourtant une chose intriguait Zénobe : il n'arrivait pas à voir quelle énergie alimentait cette machine.
Ou plutôt d'où venait cette énergie, aucun moteur, aucun accumulateur, aucun réservoir n'étant visible.
Il se pencha et aperçut dans l'enchevêtrement des rouages et des câbles électriques des orifices dans le sol.
Par ces orifices passaient des canalisations transportant courant électrique et vapeur.
« Il y a une pièce en-dessous ! » dit-il à l'ange qui lui servait de guide « l'énergie qui me fait agir vient d'ailleurs, d'un endroit plus profond de mon être ! »
Il sut, au clin d'œil de l'ange, qu'il avait compris quelque chose d'important.
« Viens, descendons d'un étage » lui dit son guide en lui tendant la main.
 
La salle inférieure avait un aspect un peu différent, même si la machinerie sembla tout aussi complexe à Zénobe.
Des couleurs vives illuminaient périodiquement la pièce, agréables ou criardes.
Des sons aussi émanaient de la machine, musiques mélodieuses ou craquements sinistres selon les moments.
Mais là aussi des guichets, et des paquets apparaissaient régulièrement :
Zénobe y lu : Je suis anxieux, Je suis heureux, J'ai peur, Je suis satisfait, Je suis triste, Je suis tendu, Je suis en paix, Je suis joyeux, Je me sens seul etc…
Il comprit qu'il était … euh….  un coup d'œil vers le mur de la salle le conforta dans son avis : « SALLE DES EMOTIONS ».
« Comprends-tu un peu mieux ce qui se passe en toi, Zénobe ? » lui demanda l'ange.
Et il ajouta :  « L'être humain a la capacité de ressentir des émotions. Dieu l'a voulu ainsi.  Tu vois ces canalisations qui montent des Emotions vers les Actes ? Eh bien ! souvent ce que tu fais est la conséquence de ce que tu ressens ».
Zénobe comprit alors pourquoi le fait de se sentir « sans valeur » le conduisait  à éviter souvent les actions difficiles, ou à se replier sur lui-même et parfois même à chercher des compensations dans le travail, voire dans l'alcool.
Il balaya la salle d'un regard circulaire, mais pas trace de moteur ou de source d'énergie.
Il observa les canalisations qui descendaient du plafond.
Si certaines étaient reliées à la machine des Emotions, d'autres s'enfonçaient directement dans le sol.
Sous la machine des Emotions, il vit aussi d'autres orifices et cria à son guide : « Il y a une salle en-dessous, l'énergie vient d'ailleurs ! ».
Mais celui-ci l'attendait déjà dans l'escalier…


Dans la salle en-dessous, l'ambiance était plus feutrée.
Pas d'ouvertures dans les flancs de la machine, pas de paquets produits.
Mais toujours la même vie animant un enchevêtrement électromécanique de roues dentées et de câbles multicolores.
Un regard vers le mur apprit à Zénobe qu'il se trouvait maintenant dans la « SALLE DES PENSEES ».
De gros voyants verts et rouges constellaient les parois de la machine, s'allumant et s'éteignant de manière quasi aléatoire.
Se penchant sur les inscriptions, il put lire  « Pensée juste » sous un voyant vert  et « Pensée fausse » sous un voyant rouge.
Ainsi donc, ce sont les pensées, justes ou fausses, qui déterminent mes émotions, et mes actes, se dit Zénobe.
« Oui ! » dit son guide devinant ce qui se passait en lui, « les pensées bonnes ou mauvaises que tu cultives produisent des émotions, bonnes ou mauvaises, agréables ou douloureuses. Comme des arbres produisent des fleurs. Ces émotions produiront tôt ou tard des fruits, bons ou mauvais. Ce que tu fais, et ce que tu ressens, est la conséquence de ce que tu penses ».
« Mais alors, dit Zénobe, ce n'est pas sur les mauvais fruits, les actes injustes, les mauvaises habitudes que je dois travailler pour changer des choses dans ma vie. C'est sur mes pensées ! »
« Oui !…et non ! » répondit l'ange avec un sourire malicieux, « Penser juste est fondamental, et avoir de saines pensées ancrées dans la vérité de Dieu important. Mais la Parole t'encourage aussi à abandonner les  actes mauvais, les péchés, et les mauvaises habitudes. »
Mais comment  entretenir de bonnes pensées ? comment lutter contre les mauvaises pensées et les « amener captives à l'obéissance du Christ » (2 Cor 10v5)?
Le guide montra à Zénobe la canalisation passant dans le sol sous la machine des Pensées.
Il fut pris d'un léger vertige… Cette descente vers les profondeurs de l'être intérieur n'aurait-elle donc jamais de fin ?
L'ange le prit par le bras et cela redonna des forces à Zénobe.


Ils descendirent encore un étage et se trouvèrent dans une salle plus immense encore, mais silencieuse.
Sur le mur, un panneau : « SALLE DES DECISIONS DU CŒUR ».
Plus de machinerie, plus d'escalier pour descendre plus bas.
Seulement une manette à deux positions permettant de choisir l'énergie provenant de deux réservoirs.
Le premier réservoir était immense (même sur la pointe des pieds, Zénobe avait du mal à en apercevoir le bout) et portait l'inscription « DIEU ».
Le second réservoir d'énergie, bien plus petit, était marqué « MOI ».
Zénobe remarqua que cette petite source d'énergie avait été autrefois reliée par un tuyau au grand réservoir. La liaison avait été abîmée depuis longtemps : « Au jardin d'Eden… » soupira-t-il «  vieille histoire ! ».
Mais un éclair fugitif manifesta que l'endroit n'était pas désert : un Serpent sortit de la canalisation éventrée en sifflant  …


Les deux positions de la manette étaient parfaitement repérées par deux écriteaux en lettres capitales :
- « MARCHER PAR L'ESPRIT »  put lire Zénobe pour la position « énergie de Dieu »
- « MARCHER PAR LA CHAIR»  était-il écrit  pour la position « énergie du Moi »
« Tu vois mon cher Zénobe » lui dit l'ange « nous sommes là dans l'intimité de ton être, là où tu fais tes choix de vie. Cette manette, il n'y a que toi qui puisses l'actionner.
Tu peux choisir de croire que ce que Dieu dit est juste, de te laisser guider par le Saint-Esprit qu'Il t'a donné à ta conversion, de te laisser enseigner par Sa Parole. Tes pensées seront alors des pensées justes, selon Dieu. Elles produiront des émotions justes, et des actes justes.
Tu peux aussi décider, comme Adam et Eve,  de déterminer toi-même ce qui est bien ou mal. Tes pensées seront alors fausses, parce que souvent inspirées par Satan, et produiront des émotions négatives et des actes mauvais  ».


Imprudemment, Zénobe voulut en avoir le cœur net. Il plaça la manette sur la position « MARCHER PAR LA CHAIR ».
Il n'attendit pas longtemps : des craquements, des grincements et autres bruits inquiétant parvinrent à ses oreilles depuis les étages supérieurs.
Il monta les escaliers quatre à quatre : de nombreux voyants rouges étaient allumés à l'étage des pensées.
Au-dessus, à l'étage des Emotions, des éclairs violents, des bruits stridents remplissaient la salle.
Dans les bacs, des paquets tombaient : Effrayé, Nerveux, Angoissé, Paniqué, Coupable, Amer etc …
Tout en haut, à l'étage des Actes, la situation n'était guère meilleure : Cauchemars, Boulimie, Colère violente, Jalousie, Addiction, Domination, Abus etc …

Il redescendit en trombe, arriva hors d'haleine dans la salle du cœur et bascula la manette sur la position « MARCHER PAR L'ESPRIT ».
Il s'essuya le front. La machine emballée se calma peu a peu, la sérénité revint aux étages supérieurs, les voyants rouges s'éteignirent, et les verts s'allumèrent un à un.
Le guide le regardait en souriant. 
Il lui montrait un grand panneau accroché au mur et Zénobe put y lire :
Car du dedans, du cœur des hommes, sortent les mauvaises pensées, les adultères, les fornications, les meurtres, les vols, la cupidité, les méchancetés, la fraude, l'impudicité, l'œil méchant, les injures, l'orgueil, la folie Marc 7v21-22
« Tu saisis l'enchaînement, Zénobe ? le cœur de l'homme déconnecté de Dieu, les mauvaises pensées, les mauvaises actions… c'est toujours comme ça, depuis la chute de tes premiers parents dans le jardin d'Eden. »


Zénobe Lanturlu commençait à comprendre les choses, les questions se bousculaient maintenant dans sa tête :
« Ne serait-il pas possible de bloquer la manette sur la bonne position ? Comment rester connecté à Dieu ?
Que dois-je faire avec mes émotions pénibles ? les ignorer ? les enfouir ?
Jamais je n'arriverai à comprendre tout ce que Dieu me dit dans la Bible ! comment faire ?
Par quoi dois-je commencer ? Je suis parfois submergé par tant d'émotions contradictoires…
J'aimerais tant être heureux, ressentir la paix dans mes relations, et le plaisir d'agir dans la liberté.
Etre serein face aux circonstances, et satisfait dans ce que je fais. Aimer et être aimé.
Et trop souvent je n'arrive pas à goûter ces choses, et cela me fait souffrir.
Est-ce possible de vivre cela, ou pas ? »


Son guide lui répondit avec un sourire bienveillant :
« Oui, Zénobe, c'est possible. C'est même ce que Dieu désire pour toi.
Tu en sais maintenant assez.  A toi de réaliser ce qui relève de ta responsabilité et de le mettre en œuvre.
Veille à garder la manette sur la bonne position.
Ne crains pas la souffrance, elle va t'aider à progresser.
Si tu souffres en péchant ou en  commettant un acte injuste, confesse-le, et regarde la pensée qui sous-tend l'action : tu verras qu'elle n'est ni juste ni selon Dieu.
Si tu ressens une émotion douloureuse (honte, orgueil, jalousie …), accepte-la, vis-la, mais demande-toi toujours si elle ne cache pas à la base une pensée fausse.
Remets en ordre dans tes pensées ce qui doit l'être, à la lumière de la Parole de Dieu, et spécialement des épîtres.
Tes pensées mauvaises proviennent parfois de manques et de carences dans l'enseignement que tu as reçu ou compris. Parfois aussi de blessures, d'injustices subies dont Dieu veut s'occuper. A toi de creuser !
Tu n'arriveras pas à tout régler d'un coup; mais Dieu ne te le demande pas.
Vas en paix, mets-toi en marche, le Seigneur sera avec toi dans ce chemin ! »


L'obscurité revint dans la chambre et l'ange disparut.
L'horloge de l'église sonna minuit, la lune jouait à cache-cache avec quelques nuages.
Zénobe Lanturlu plongea dans un profond sommeil, paisible et réparateur.
Le lendemain, il trouva sur sa table de nuit un post-it qu'il attrapa avec curiosité.
Il y lut avec émotion une recommandation, et un verset :

    
La manette Zénobe!
Surveille la manette!


Regarde,
j'ai mis aujourd'hui
devant toi
la vie et  le bonheur,
la mort  et le malheur, 
choisis la vie
afin que tu vives
(Deutéronome 30. 15-19)
  


Ton ami le guide :)

 

Tout ce qui s'état passé durant la nuit revint à sa mémoire.
Zénobe Lanturlu serra le post-it sur son cœur, et sourit.
Puis il alla le coller sur la porte du frigo, où il s'y trouve encore…


Jean-Philippe MULLER



 





18/04/2010
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