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L'épreuve de l'injustice : Histoire de Joseph (Carlo Brugnoli)



L'épreuve de l'injustice : Histoire de Joseph

 

"Lorsque la femme se rendit compte qu'il était parti en lui laissant sa tunique entre les mains, elle cria pour appeler ses domestiques:
- Venez voir: Cet Hébreu que mon mari nous a amené a voulu se jouer de nous! Il est venu ici pour abuser de moi, mais j'ai poussé un grand cri. Dès qu'il m'a entendue crier et appeler, il s'est enfui de la maison, en abandonnant sa tunique à côté de moi.

Elle garda la tunique de Joseph près d'elle jusqu'au retour de son mari. Elle lui raconta la même histoire. (...) Lorsque le maître entendit sa femme lui raconter comment Joseph s'était conduit avec elle, il se mit en colère. Il fit arrêter et enfermer Joseph dans la forteresse, où étaient détenus les prisonniers du roi."

Selon le récit qui suit, nous comprenons qu'il n'y eut ni enquête, ni procès, ni défense et pas même de peine prononcée à son encontre. Joseph est jeté en prison sans jugement et risque, de ce fait, la perpétuité! Il se trouve en terre étrangère, incarcéré injustement sans recours possible, privé de tout contact avec les siens et ignoré. Sa condition est pire que celle d'un esclave, qui lui, peut au moins espérer vivre à l'air libre, se marier, avoir des enfants... Sa foi et une vision énigmatique de l'avenir restent ses seuls appuis.
 
Nous avons tous, dès l'enfance, un sens aigu de la justice. Il suffit d'observer des bambins jouer pour s'en persuader. Pourtant, l'injustice baigne notre monde. Quand elle nous frappe, c'est l'une des épreuves les plus lourdes à porter. Plus encore quand elle fait suite à des choix aussi difficiles que loyaux, comme Joseph vient de les faire.
- Tel élève, le seul à ne pas avoir triché, est puni avec les autres.
- Tel ouvrier, victime de sa droiture et de sa loyauté, perd finalement sa place.
- Telle épouse, d'une fidélité irréprochable, est trompée puis abandonnée.
- Tel restaurateur, refusant une "protection " mafieuse, est ruiné.
- Telle étudiante en médecine, défendant une éthique chrétienne, est humiliée puis renvoyée.

A l'école du Saint-Esprit, nous recevons une formation de princes et de princesses. Elle ne dure que quelques dizaines d'années, mais elle est exigeante. L'éternité, elle, par définition, est infinie. C'est seulement sur cette terre que nous apprenons à marcher par la foi, à surmonter l'adversité, à résister à la tentation, à pardonner, à avancer à contre-courant et à nous appuyer, dans les pires injustices, sur Jésus, notre avocat et défenseur: " Car nous connaissons celui qui a dit: A moi la vengeance, à moi la rétribution ! "

Lorsqu'une injustice conséquente est commise, elle demande un vrai pardon. Le Seigneur ne conteste pas l'aspect scandaleux des abus, mais il nous invite à le choisir comme premier avocat. La justice et la récompense suprêmes lui appartiennent de manière très concrète.

Une nuit, à l'étranger et sous les intempéries, une voiture percuta la mienne par l'arrière. Après un bref constat à l'amiable, comme on peut le faire en pareilles circonstances, chacun repartit. Je revins dans mon pays avec une voiture qui ressemblait à un oeuf de Pâques après qu'on l'ait choqué ! Quelle aide pouvais-je espérer d'une compagnie d'assurance éloignée et inconnue ? C'est alors que je me souvins que Jésus revendique le titre d'avocat. Je lui demandai de l'être pour moi dans cette affaire. Quelques jours plus tard, un chèque de l'assurance en question, couvrant toutes les réparations, se trouvait dans ma boîte à lettres !
 
" Joseph se retrouva donc en prison. Pourtant, là aussi, le Seigneur fut avec lui et lui montra sa bonté en lui obtenant la faveur du commandant de la forteresse. Celui‑ci confia à Joseph la responsabilité de tous les autres prisonniers. C'était lui qui devait diriger tous les travaux effectués par les détenus. Le commandant ne s'occupait plus de ce qu'il lui avait confié, car le Seigneur était avec Joseph et faisait réussir tout ce qu'il entreprenait. "

La Bible ne nous dit pas de pardonner si nous en avons envie, elle nous ordonne de le faire. Celui qui ne pratique pas le pardon est condamné à perdre sa communion avec le Seigneur. Cependant, une mauvaise théologie du pardon peut lui donner un goût amer, injuste et inacceptable.

- Pardonner une faute, ce n'est ni l'accepter, ni la nier, ni la justifier et encore moins l'approuver. Certains, par exemple, essaient de se persuader, ou de persuader les autres, que la personne offensante n'a pas voulu vraiment dire ou faire ce qu'elle a dit ou fait. C'est possible, mais le contraire l'est aussi. Jésus nous demande de pardonner à ceux qui nous ont offensés, non de nous autopersuader que ce n'était pas vraiment une offense.

- Etre douloureusement offensé n'implique pas toujours un tort réciproque. Il faut avoir le courage d'admettre, quand c'est le cas (comme entre Joseph et Potifar, David et Saül ou Jésus et les Pharisiens), qu'un parti a tort et l'autre raison. Il est évidemment bon de s'humilier réciproquement, mais si ce n'est pas fondé sur la réalité, la démarche est bancale.

- " Si quelqu'un te gifle sur la joue droite, laisse‑le te gifler aussi sur la joue gauche. " Certains chrétiens le font, puis, de surcroît, ils demandent pardon à celui qui les a frappés. Pourquoi? Par faiblesse ou parce qu'ils n'ont pas compris la parole de Dieu. Ils commettent ainsi une  injustice envers eux-mêmes.

- Pardonner, ce n'est pas s'aplatir, manipuler sa conscience et ses sentiments, écraser la justice ou tenter un lavage de cerveau, mais c'est choisir tout à nouveau, dans les faits, le meilleur bien de l'autre. Les sentiments, eux, fluctueront parfois encore bien longtemps.

L'Ecriture nous enseigne la douceur non la faiblesse, l'humilité non l'injustice. Jésus a traité publiquement les Pharisiens de race de vipères, de tombeaux blanchis et d'hypocrites, sans jamais leur demander pardon. En arrivant dans la cour du Temple, il a jeté par terre l'argent des changeurs, renversé leurs tables et chassé les animaux; en traitant ces marchands de voleurs (Jésus n'est pas contre le commerce, mais contre le vol). Jamais il ne s'en est excusé. Il savait qu'il n'avait pas péché contre eux, mais qu'il exerçait la justice de Dieu. Après cette action pour le moins radicale, il lui fallait, pour rester ferme, une conscience bien éduquée, alignée non sur le socialement correct mais sur la pensée de son Père. A sa place, beaucoup d'entre nous se seraient sentis horriblement coupables. Jésus avait le coeur tendre et le front dur nécessaires aux prophètes.

Mais, diront certains, ne devons-nous pas être débonnaires, conciliants, prompts à nous humilier et à demander pardon ? Oui, mais toutes ces qualités ne doivent pas nous entraîner au compromis, à la flatterie, à la dilution de la vérité et à la négation de la justice, sans quoi nous perdrons toute saveur et notre lumière ne sera que blafarde ou voilée.

Joseph ne demandera jamais pardon à Potifar pour la simple raison qu'il n'avait pas fauté à son égard. S'il ne lui a pas demandé pardon, il lui a pourtant pardonné ainsi qu'à sa femme. C'est humainement difficile à vivre, mais c'est la seule solution.
 

Carlo Brugnoli

(Source : TopChrétien)






24/09/2010
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